La valeur a quitté la copie pour aller vers les relations

ico-lecture-512pxL’avenir du livre ne réside pas dans la diffusion d’un grand nombre de copies, mais dans son aura, son ombre, son double virtuel. La copie en elle-même n’est plus importante, ce qui est précieux et essentiel, c’est l’expérience que nous en avons eue. Ce «double» est en particulier constitué de signets, d’annotations, etc. que les lecteurs devraient pouvoir partager s’ils le souhaitent. Encore aujourd’hui, les pratiques d’annotations restent le plus souvent privées, voire intimes. Grâce à la lecture numérique, les annotations deviennent progressivement des éléments standardisés qui peuvent facilement circuler et s’agréger pour former des conversations. Ce bouleversement est susceptible de changer notre manière de lire.
La lecture devient sociale : chaque livre est potentiellement le début d’une conversation susceptible de prendre plus d’ampleur que le livre lui-même.

Contrairement à ce que l’on pense, nous sommes de plus en plus nombreux à lire sur des écrans et y éprouver du plaisir.
La plupart des arguments contre la lecture électronique sont tombés à mesure que les usages se sont généralisés.

La plupart de ces arguments contre le livre électronique reposaient sur la physicalité du livre. Pourtant, si les livres traditionnels sont des objets physiques, ce n’est pas le coeur de notre relation à eux ; celle-ci est temporelle. Leur usage crée une ligne de temps sociale. La ligne de temps du livre est composée de l’annonce, du temps de lecture, et du souvenir. Le livre électronique, sous sa forme actuelle, nous prive de la continuité de ces aspects temporels que le livre physique incarne. Ce qui produit, estime Bridle, une dissonance cognitive. Autour de cette ligne temporelle, se forme également une couche sociale (les commentaires, les discussions, les recommandations…), que le livre électronique pourrait être capable de mieux exploiter que le livre physique.

Les livres physiques sont des compagnons dans la durée, ils sont marqués de nos noms, ils nous accompagnent partout, nous les gribouillons, nous les cornons…
Nous devons nous préoccuper d’imaginer comment nous allons construire ces souvenirs, cette expérience du livre, avec le numérique.
Nous ne pouvons malheureusement que constater, à ce jour, que la prise de notes, dans l’état actuel des logiciels, n’est pas très conviviale et, de plus, les annotations qui restent fermées devraient être ouvertes et accessibles pour que nous puissions créer des écosystèmes.
La maîtrise de leurs notes par les utilisateurs et le fait que ces traces soient libres sont capitaux d’un point de vue économique. En effet, l’ouverture et la liberté qui sont les meilleurs fondements de la créativité, de l’innovation et donc, le plus souvent, de l’économie.

« Les copies ont été détrônées. Les modèles économiques bâtis sur eux se sont écroulés. Dans un régime de surabondance de copies gratuites, les copies ne sont plus la base de la puissance. Désormais, ce sont les relations, les liens, les connexions et leurs partages qui le sont. La valeur a quitté la copie pour les nombreuses façons de rappeler, d’annoter, de personnaliser, modifier, authentifier, afficher, marquer, transférer et engager un travail. »

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